Voyage en Jordanie : le guide pratique
Population : 6,5 millions d’habitants (recensement 2011).
Capitale : Amman.
Principales villes : Amman (2,2 millions d’habitants), Zarqa (838 250 habitants), Irbid (650 000 habitants). Ces trois villes sont situées dans le nord-ouest du pays.
Superficie : 89000 km² soit 0,16 fois la France.
Taux d’urbanisation : 78,42 %.
Régime politique : Monarchie parlementaire. Le premier ministre est le chef du gouvernement.
Souverain : Le roi Abdallah II (depuis 1999) succédé à son père, le roi Hussein.
Langues : L’arabe classique (langue officielle) cohabite avec les dialectes levandin du sud, bedawi et nadji. L’anglais est également parlé par une partie de la population.
Monnaie : Dinar jordanien (JOD).
Salaire moyen : Environ 200 J0D (220 €) par mois.
Espérance de vie : 73,29 ans (estimation 2010).
Taux d’analphabétisme : 92,6 % (estimation 2010).
Indice de développement humain (espérance de vie, taux d’alphabétisation, PIB par habitant) : 0,565. Rang mondial : 95 / 187 (rapport 2011 du P.N.U.D, Programme des Nations Unies pour le Développement).
Sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO : La cité nabatéenne de Pétra (1985), le château du désert Qsar Amra connu pour ses fresques atypiques (1985), le site archéologique d’Umm er Rassas qui abrite un bel ensemble de mosaïques (2004), le mythique désert du Wadi Rum (2011).
L’Histoire de la Jordanie
Si la bible fait état des royaumes d’Édom, de Galaad, de Moab et d’Ammon ; on sait que d’autres civilisations sont passées par là : assyriens, égyptiens, babyloniens, perses et grecs (et un certain Alexandre le Grand) mais aussi les nabatéens qui érigèrent leur capitale à Pétra à partir du IIème siècle avant JC afin de contrôler le commerce des caravanes. C’était avant la déferlante des romains et des byzantins. Et hop, l’Islam s’installe dans la région, puis arrivent les omeyyades et les Abbassides avant le tour des croisés, qui ne restent pas les bras croisés face aux armées de Saladin avec qui ils se disputent Jérusalem.
Le territoire, devient ensuite une province de l’empire ottoman pour un bon bout de temps. Puis, au début du XXème siècle, les affrontements éclatent entre les troupes ottomanes soutenues par l’Allemagne et les troupes arabes soutenues par les britanniques qui promettent à Hussein (chérif hachémite de la Mecque) la création d’un état arabe. Le colonel TE Lawrence entre dans la légende. En 1923, le territoire de Transjordanie, sous tutelle britannique, est confié à l’émir Abdallah (fils d’Hussein) avant de devenir indépendant en 1946. Le Royaume hachémite de Jordanie est alors crée. Mais la déclaration israélienne d’indépendance (1948) ne tarde pas à précipiter la Jordanie (et tous les pays de la région) dans la première guerre israélo-arabe. En 1949, Abdallah annexe la Cisjordanie et Jérusalem-Est mais il sera assassiné à Jérusalem en 1951 par un activiste palestinien. Son petit fils Hussein, alors âgé de 17 ans arrive rapidement sur le trône.
A l’issue de la guerre des six jours opposant Israël contre les pays arabes, la Jordanie perd la Cisjordanie et Jérusalem-Est et voit déferler des milliers de réfugiés palestiniens sur son sol. Les fedayins de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), dirigés par Yasser Arafat, investissent le territoire jordanien pour établir leurs bases en organisant au passage un complot contre le Royaume hachémite. S’en est alors trop pour Hussein qui renvoie manu militari les réfugiés de l’OLP durant un « Septembre noir » qui s’achève par plusieurs milliers de morts. Hussein rompt peu à peu ses liens avec la Palestine jusqu’à la signature en 1994 d’un traité de paix avec Israël. En 1999, Abdallah II, fils aîné du souverain succède à Hussein avec à ses côtés la reine Rania d’origine palestinienne.
Les Bédouins
Comment parler de la Jordanie sans évoquer les bédouins ? Ce peuple nomade, dont un quart de la population jordanienne est issue, incarne à proprement parler l’image de la Jordanie. Qui n’a pas en tête ces clichés d’hommes gracieux, enturbannés de keffiehs rouges et blancs, déambulant sur dromadaires et chevaux pur sang à la recherche d’eau et de nourriture pour leur tribu. Ce cliché, s’il correspond à une réalité qui jalonnera votre parcours en pays bédouin ne doit pas éclipser une autre réalité : celle d’un mode de vie en pleine mutation. Et oui, les bédouins ne représenteraient plus aujourd’hui que 5% de la population jordanienne ; conséquence d’une politique de sédentarisation accrue menée par le gouvernement. Mais ne sortez pas tout de suite votre boîte de Kleenex ! Car le Royaume hachémite compte encore une bonne poignée d’irréductibles bédouins (et bédouines) qui n’ont pas sacrifié leur tente en poil de chèvre et leurs troupeaux de moutons : ouf ! Pour le reste, la tendance est à la semi-sédentarisation, voire à la sédentarisation intégrale avec maisons en dur et 4×4 en option. Mais si le mode de vie évolue, la tradition, elle, perdure et maintient le trio des valeurs bédouines : fierté, hospitalité et honneur, à leur summum. L’accueil que vous réserveront les bédouins achèvera de vous en convaincre !
Culture Jordanie
L’histoire de la région jordanienne, située à cheval entre le croissant fertile et le désert d’Arabie, est complexe et mouvementée. Les strates de ce passé foisonnant, partout omniprésentes, renvoient sans cesse en écho un épisode de l’histoire. Des cités antiques aux chefs d’œuvres des nabatéens en passant par les minarets élancés des mosquées, les églises paléochrétiennes et les fortifications médiévales ; l’art abonde et ravit l’œil ! Historiens de l’art, néophytes esthètes et amateurs de photographies insolites trouveront dans la scène de théâtre jordanienne un terrain d’entente certain. Les trois musées d’Amman aiguilleront l’appétit culturel de ceux qui veulent en savoir plus sur tous ces héritages culturels. Aucun ne manquera les incontournables pavements de mosaïques byzantines qui ornaient jadis demeures et lieux de culte. La Star des mosaïques reste la carte de la Terre promise de l’église Saint Georges de Madaba réalisée au cours du VIème siècle ; un chef d’œuvre unique tant par sa précision géographique que par son travail de minutie. Cette tradition artistique est aujourd’hui perpétuée par l’école de mosaïstes de Madaba qui forme de jeunes artisans et restaurateurs au renouveau de cet art en collaboration avec les experts de l’Institut de Ravenne en Italie. Une école unique en son genre ! Il existe des centaines d’autres mosaïques, dispersées entre Umm er Rasas, le mont Nébo et les églises de Madaba.
Religions Jordanie
La religion d’État en Jordanie est l’Islam sunnite qui compte 90% d’adeptes. Mais, ce pays, patrie des monothéismes et berceau de la chrétienté, où résonnent les histoires de l’ancien et du nouveau testament, compte également une communauté chrétienne qui constitue environ 8% de la population. Celle-ci est composée pour la plupart d’orthodoxes grecs et de catholiques romains mais aussi de coptes et de protestants. Rajoutez à cela une poignée de druzes, communauté secrète issue du chiisme, et aussi quelques minorités chiites et vous avez reconstitué le puzzle des religions présentes en Jordanie. Il est à noter que l’Islam pratiqué est soft comparé aux pratiques de certains voisins de la péninsule arabique même si le poids des traditions reste marqué, spécialement dans les campagnes. On a même entendu la célèbre reine Rania déclarer que « Imposer un voile à une femme est contraire aux principes de l’islam ». Dans cette région où les tensions religieuses sont particulièrement exacerbées, la Jordanie fait figure de bonne élève. Ici, minarets et clochers cohabitent dans une bonne entente et le pays garantit la liberté de culte pour toutes les minorités. Quelque soit son dieu, ses croyances et sa religion, voyager en Jordanie, c’est un peu comme plonger au cœur des piliers de l’humanité et en rapprocher les composantes pour mieux comprendre la richesse et l’universalité des différents courants de pensée… A méditer !
Géographie de la Jordanie
La Jordanie, vue sur une carte géographique, ressemble à un tout petit pays (grand comme trois fois la Belgique) enclavé entre la Syrie, l’Irak, l’Arabie saoudite, Israël, les territoires palestiniens et la mer morte… Et l’on s’étonne souvent, une fois sur place, de ces frontières si proches les unes des autres. Côté topographie, on peut subdiviser le pays en 3 grandes régions nettement tranchées.
1. La vallée du Rift est située au nord-ouest du pays, à la lisière de la frontière séparant la Jordanie d’Israël. Ce fossé accidenté n’est autre que le résultat de la jonction des plaques tectoniques eurasiennes, africaines et indiennes. Elle fait des rives de la mer morte le point le plus bas de la terre (- 408 mètres) et de la vallée du Jourdain une région typiquement méditerranéenne plantée de plantations fertiles.
2. Les plateaux transjordaniens sont situés au centre-ouest du pays et dominent à 1500 mètres d’altitude. Ils sont entaillés de vallées qui forment d’impressionnants canyons dans le sud du pays. Ils enserrent les principales villes du pays ainsi que le site de Pétra.
3. Le désert, s’étalant à l’est, représente 80% de la superficie du pays et englobe notamment le célèbre Wadi Rum.
Faune et flore
Chaque territoire s’enorgueillit de posséder une flore et une faune caractéristique. La vallée du Jourdain contraste avec l’aspect sensiblement désertique du pays. Ici vous êtes dans le territoire des oliviers, cèdres, pins, eucalyptus, pistachiers, palmiers dattiers, acacias, flamboyants, chênes où s’épanouissent les cultures maraîchères et les fleurs sauvages dont l’iris noir reste l’emblème national. Dans la même journée, vous vous dirigerez vers les steppes désertiques et là : changement de décor !
Côté faune locale, il vous faudra composer avec dromadaires (bien-sûr), renards d’Arabie, porc-épic, lièvres, rats des sables, vipères à corne, chacals, lièvres du désert et, si la chance vous sourit : oryx d’Arabie, autruches, gazelles, pélicans et paresseux.
Les passionnés de Grande Bleue s’émerveilleront devant les spectacles improvisés des napoléons, poissons lunes, poissons perroquets, rascasses volantes, poissons écureuils, murènes, barracudas, demoiselles, barbiers, etc.
Cuisine jordanienne
La cuisine jordanienne nous balade aussi chez ses voisins libanais, égyptiens, turcs et syriens à qui elle a emprunté de nombreuses spécialités mêlant saveurs orientales et méditerranéenne avec brio. Pour vous mettre en appétit, vous dégusterez l’incontournable plateau de mezzés qui consiste en un assortiment d’hors d’œuvres variés accompagnées de galettes de pain chaudes. Au menu du festin : foul (purée de fèves), hommos (crème de pois chiche), muttabal (caviar d’aubergine), beureks (feuilletés fourrés), koftehs (boulettes de viande), falafels (croquettes de pois chiches), tabouleh (salade citronnée de persil et de boulgour), fattayer (chaussons fourrés) etc. Puis, alors que vous êtes déjà rassasiés et vous apprêtez à piquer une sieste sur le sofa, viennent de succulentes viandes partagées entre poulet, agneau et bœuf et généralement servies sous forme de brochettes et agrémentées de tomates et d’oignons. Chich kebab (brochettes d’agneaux), chich taouk (poulet mariné grillé) et keftas (brochettes de viandes hachées) sont à l’honneur. Vous trouverez également des spécialités bédouines parmi lesquelles le mensef (mouton mijoté dans du lait de brebis caillé et épicé accompagné de riz parfumé) et le musakham (galette recouverte de poulet grillé aux oignons).
Pour manger sur le pouce rien de tel qu’un shawarma (sandwich fourré de crudités et de viande cuite à la broche). A Aqaba, on déguste aussi de bons poissons grillés ou en sauce.
Enfin, si vous êtes sages, vous aurez droit aux ma’amouls, bakhlavas, konafas et barazeks ; ces régalades croulantes sous les épaisseurs ruisselantes de miel et de pistaches qui enrobent si bien les rondeurs. Côté boissons, il y a bien-sûr la star incontournable, nous avons nommé le thé ! Pour régler vos paramètres du matin, rien de mieux qu’un café turc à la cardamone. Côté breuvages non halals, vous aurez le choix entre vins libanais, syriens, palestiniens, bière locale ou arak (tord-boyaux local parfumé à l’anis).
La Jordanie en famille ?
Sans aucune hésitation ! Premier argument et non des moindres, les jordaniens réservent un accueil particulièrement Kids friendly aux enfants ! Vous êtes dans un pays où la famille constitue la pierre angulaire de la société et les enfants y sont partout et constamment choyés comme des petits rois. Mais ce n’est pas tout ; la particularité de la destination est de proposer le maximum de choses à voir sur un territoire restreint au maximum lui aussi.
Avantage : Vous éviterez les récriminations permanentes de vos enfants et autres « quand-est-ce qu’on arrive ? » répétés en boucle du début à la fin du voyage. Et c’est sans parler de la distance facilement accessible depuis Paris (04h30 de vol, qui dit mieux ?). Ajoutons à cela une palette d’intérêts extrêmement diversifiés et vos enfants seront comblés au pays des exploits de Lawrence d’Arabie. Ils se plairont à s’essayer à la balade à dos de dromadaire dans le Wadi Rum et improviseront des jeux d’ombre et de marelle à même le sable. Ils se prendront pour des chevaliers dans les châteaux croisés et imiteront Spartacus et les combats de gladiateurs dans les théâtres antiques. Ils se transformeront en mini-explorateurs, dévalant le Siq de Pétra sur des carrioles de chevaux fougueux et arpenteront les hauteurs de la cité nabatéenne à dos d’âne, la mine en extase. Le mythe de l’aventure bédouine les fascinera autant que les nuits passées dans le désert sous la voute étoilée. Côté mer, ils se laisseront flotter comme des bouchons de liège dans la mer morte et se plairont à voir la vie en bleu dans les profondeurs sous-marines de la mer rouge. Et si vous emmeniez votre tribu voir cela de plus près ?
Partir seule en Jordanie
Oui, la Jordanie est un pays sûr pour les voyageuses. Non, un voyage au féminin en Jordanie (qui plus est en solo) ne présente rien d’insurmontable… A condition de respecter quelques précautions d’usage qui vous éviteront de vous faire détailler de la tête aux pieds de façon systématique.
Règle n°1 : Décolletés, débardeurs, jupes courtes et shorts sexy vous éviterez ! Vous préférerez des vêtements amples qui couvrent les genoux et les épaules.
Règle n°2 : Pour la plage : topes, string et bikinis légers sont à proscrire ; optez pour un maillot décent (on a même vu quelques touristes occidentales arborer des top de surf anti-UV).
Règle n°3 : Vous éviterez de vous engager dans des ruelles sombres et peu fréquentées… Certes la Jordanie est un pays sûr ou les agressions sont rarissimes mais on n’est jamais trop prudente (et on tient à nos lectrices). Hormis les regards insistants (et quelques demandes en mariage au passage), vous comprendrez vite que les jordaniens sont d’une façon générale très prévenants avec les étrangères. Et puisqu’il est question de préjugés, rassurez-vous : personne ne vous échangera contre un troupeau de chameaux…
Quelques habitudes ségrégationnistes pourront néanmoins choquer les plus féministes. Certains cafés sont en effet le territoire exclusif des hommes de même que les petits restaurants pur jus réservent deux salles (entendez par là une salle pour les hommes et une salle pour les autres : familles, femmes, couples etc.). Vous ne craindrez aucun risque à vous tromper de salle ou à fumer un narguilé dans un café pour hommes mais les regards curieux vous en dissuaderont peut-être. Si cela vous met mal à l’aise, sachez qu’il existe aussi des cafés mixtes, des restaurants branchés et autres coffee-shops ou évolue une population occidentalisée.